jeudi 12 février 2015

Quelques messieurs qui ont des lettres

Fernando Botero
En avançant dans mes recherches généalogiques, je me suis aperçue que quelques uns de mes ancêtres avaient été amenés à rédiger des actes. Ma famille comme c'est souvent le cas dans une France encore largement rurale au 18e et au 19e siècles, avait donc quelques "lettrés" en son sein. 
Le plus ancien de ces rédacteurs est un certain Grégoire Dapeceix (ou Appeceix) qui officie à Ossas dans les premières années de la première République (1792-1799).

Parmi les actes qu'il a enregistrés, j'ai choisi à dessein celui d'un de ses petits-fils, Pierre, né le 21 Thermidor an II (8 août 1794). Il se peut que cet enfant n'ait pas vécu très longtemps car j'ai trouvé dans les tables décennales 1793-1842 de la commune d'Ossas, un Pierre Apeceix décédé le 15 Brumaire an IV (18 mai 1794). Cependant, n'ayant pas trouvé trace de son acte de décès, j'en suis réduite à des conjectures...

Acte de naissance de Pierre Oxoaix dit Apeceix
Aujourd'hui vingt et deuxième jour de thermidor an second de la république unE et indivisible a catre (sic) heures du soir par devent (sic) moy Grégoire Dapeceix membre du conseil général de la commune d'Ossas élu le neuf ventose dernier du présent an pour dresser les actes destinés à constater les nessences (sic), mariages, décès des citoyens, est comparu Pierre Oxoaix dit Apeceix laboureur âgé de trente quatre ans domicilié dans la municipalité d'Ossas lequel assisté de Joseph Horviscay instituteur de la présente commune d'Ossas âgé de cinquante ans et Pierre Vidart maçon âgé de trente ans les deux demeurant dans le département des Basses Pyrénées et dans la dite municipalité d'Ossas a déclaré à moi Grégoire Dapeceix que Marie Apeceix son épouse en légitime mariage est accouchée hier à a catre (sic) heures du matin le vingt huitième jour du présent mois de thermidor dans la maison D'apeceix d'un enfant male qu'il m'a présenté et auquel il a donné le prénom de Pierre d'après cette déclaration que les citoyens Joseph Horviscay et Pierre Vidart ont certifié conforme à la vérité et [ill] j'ai rédigé un acte que Joseph Horviscay et Pierre Vidart et Pierre Apeceix père de l'enfant et les deux premiers témoins ont signé avec moy. 
Fait dans la maison commune dans les jour moy (sic) et an que dessus.
Apeceix officier publiq (sic)

Dans cet acte de naissance, Grégoire Dapeceix se présente lui-même comme "membre du conseil général de la commune d'Ossas élu le neuf ventôse dernier du présent an (27 février 1794) pour dresser les actes destinés à constater les nessences (sic), mariages, [et] décès des citoyens". A la fin de l'acte, il signe d'ailleurs Apeceix, officier publiq (sic). On notera au passage les changements d'orthographe du même nom (par son auteur de surcroît !), un vrai cauchemar pour les généalogistes ! 
La sagesse populaire ne dit-elle pas que les noms propres n'ont pas d'orthographe ? Je pense à tous ceux qui comme moi, ont dû trimballer leurs deux "p", deux "r" plus le "h" du milieu qui ne se prononce pas mais est bien là ! Je pense aussi à mon frère obligé d'entreprendre des démarches compliquées pour récupérer à l'âge adulte un "p" oublié à sa naissance ... 

Plus tard, autour de 1820, un Simon Epherre dit Recalt (ca 1772-1852), maire de Sunharette et officier de l'état civil en tant que tel, enregistrera et signera également des actes. De janvier 1834 à 1843, Pierre Irigoyen (1786-1858) apparaîtra dans les registres de la commune de Suhare également comme maire. 

De son côté, en sa qualité d'instituteur, mon arrière grand-père Dominique Irigoyen sera cité en tant que témoin de nombreux documents d'état civil de sa commune d'Aussurucq, dans les années 1850 à 1890. Une remarque pour conclure, si les femmes jouissaient au Pays Basque du droit d'aînesse, elles n'avaient aucun droit de cité dans les actes de l'état civil...

samedi 7 février 2015

Dis-moi où tu habites, je te dirai qui tu es


Raymond Virac
Dans sa "Monographie de la commune de Saint-Jean-Le-Vieux, publiée en 1898, Louis Etcheverry révèle que "dans les vieux registres du XVIIe siècle, on ne voit apparaître que le nom des maisons. Il a fallu attendre les livrets militaires et les appels sous les drapeaux pour révéler à une foule de jeunes gens leur nom patronymique qui gisait caché dans des actes civils et notariés mais n'étaient pas d'un usage courant".

Les noms basques nous dit Philippe Oyhamburu "sont issus dans leur grande majorité de la maison souche (etxondoa) qui elle-même est le plus souvent déterminée par les détails du lieu où elle est érigée. Quelques exemples : Etchemendy (comme notre grand-mère) la maison sur la montagne, Irigoyen, le "domaine le plus haut", Lizarazu, la (maison) dans la vallée des frênes, etc. 

Dans "Les gens du Pays Basque", Serge Pacaud explique : "Au centre de la société basque, la Maison représente l'originale entité de chaque famille. La préoccupation majeure de la famille est de conserver le patrimoine, la maison et ses dépendances, qui ne doivent ni se diviser ni se désagréger. Ce patrimoine constitue un tout, propriété de la famille et dont nul ne peut disposer pas même le maître de Maison (etxeko jaun).

Le bien est toujours transmis à l'aîné des enfants, garçon ou fille ! Le nom de la maison est donné au gendre qui épouse l'héritière de la maison. Même les domestiques, lorsqu'ils ont passé de nombreuses années au service d'une famille, sont appelés par leur prénom suivi du nom de la maison où ils travaillent.

Cette explication sommaire me paraît nécessaire à ce stade pour expliquer les Inchauspé dit Harismendy, les Epherre dit Irigoyen, les Dargain dit Laxalt, etc, rencontrés jusque là. Toujours Serge Pacaud : "Le gendre est une espèce de "prince consort" qui règne mais ne gouverne pas. Le mariage entre un héritier et une héritière est inenvisageable. La règle est qu'un héritier épouse une cadette et qu'une héritière épouse un cadet. Dès lors, celui qui entre dans la maison-souche y apporte sa dot, lui consacre toute son activité et ne tarde pas à fondre son individualité dans la maison dont il prend le nom."

Cette tradition qui perdurera jusqu'à la Révolution française et au-delà, (les lois dites égalitaires du 7 mars 1793 seront allègrement contournées devant les tribunaux !), scellera aussi le sort de nombreux cadets. "Condamné au célibat, le cadet travaille comme ouvrier agricole ou berger. Beaucoup n'auront d'autres choix que de devenir contrebandiers ou de s'exiler...

Sans parler des sœurs qui ne se marieront pas et feront office de servantes dans leur maison natale ou chez d'autres". En effet, seuls deux couples, celui des "maîtres vieux" et des "maîtres jeunes" peuvent vivre sous le même toit, chacun avec sa propre cuisine, selon certains manuels ... On ne mélange pas les torchons et les serviettes !  

vendredi 6 février 2015

Où un Eppherre peut en cacher un autre !

Tobeen
J'ai déjà expliqué ici que j'avais débuté ma généalogie à Aussurucq à partir du mariage de mes arrière-grands-parents, Dominique Eppherre (1851-1928) et Élisabeth Irigoyen (1858-1942). Si vous avez bien suivi, Dominique Eppherre, fils de Raymond Eppherre (1818-1897) et d'Anne Inchauspé (1812-1896), venait de Sunharette.
De son coté, son beau-père, Dominique Irigoyen (1829-1898 ?), le père d’Élisabeth donc, instituteur à Aussurucq était né à Suhare (voir ici), de Pierre Irigoyen (ca. 1786-1858) et de Marie Appeceix (1786-1858), tous deux également natifs de Suhare. 
Quelle ne fut pas me surprise de découvrir des documents dans lesquels le dit Pierre Irigoyen était en fait ... un Eppherre ! En effet, dans l'acte de décès de son père Jean, né vers 1763 et décédé le 24 juin 1828 en sa maison d'Irigoyen de Suhare, il est présenté comme Jean Epherre dit Irigoyen :


Acte de decès de Jean Irigoyen
L'an mil huit cent vingt huit et le vingt cinq du mois de juin par devant nous maire officier de l'état civil de la commune de Suhare, canton de Tardets, Département des Basses-Pyrénées, sont comparus Pierre Epherre dit Irigoyen, fils de Jean Epherre dit Irigoien (sic) et Jean-Pierre Orbicay, son voisin, tous deux laboureurs domiciliés dans la présente commune, section Suhare, lesquels nous ont déclaré que le jour d'hier vers quatre heures du matin, Epherre dit Irigoyen Jean, âgé de soixante cinq ans, cultivateur domicilié dans la présente commune, veuf de Marie Irigoien (sic) est décédé dans ladite maison de Irigoien de Suhare, ainsi que nous et les déclarants ont signé avec nous le présent acte après que lecture leur en a été faite, le premier laboureur et le second instituteur.

Pour corroborer cette troublante découverte, j'ai aussi le contrat de mariage entre Dominique Irigoyen et Marie-Jeanne Dargain-Laxalt dont j'ai déjà fait mention ici, et où il est bien présenté comme Dominique Epherre dit Irigoyen (du nom de la maison natale à Suhare). Il est signalé à la sixième ligne que Dominique Epherre dit Irigoyen, [est] fils quatrième (sic) né du mariage de Pierre Irigoyen et de Marie Appeceix décédée, cultivateurs de Suhare [...]     


Reste donc à établir la parenté entre ce Dominique Epherre dit Irigoyen de Suhare et le Dominique Epherre dit Harismendy de Sunharette qui viendra épouser sa fille Élisabeth à Aussurucq ! Pour l'instant, je n'y suis pas parvenue mais je ne désespère pas ...

jeudi 5 février 2015

Anne ma soeur Anne ne vois-tu rien venir ?

L'un des travers lorsqu'on se lance dans la généalogie c'est de ne voir les choses qu'à l'aune de son époque. Ainsi, de nos jours ou du moins, dans nos sociétés occidentales, il ne viendrait à personne l'idée de donner deux fois le même prénom dans une même fratrie. Très vite, on s'aperçoit que cette notion est battue en brèche chez nos ancêtres. Il n'est pas rare de trouver deux Pierre ou deux Marie, par exemple.

L'explication la plus simple est que, comme on donnait souvent au nouveau-né le prénom de son parrain ou de sa marraine, lequel était souvent un grand-parent ou bien un frère ou une sœur aîné (e), on assiste à une répétition à l'envi de certains prénoms. Le risque est grand alors de se tromper de personne.

Ce fut le cas pour moi avec la mère de mon arrière-grand-père Dominique Eppherre (1851-1928) laquelle, d'après l'acte de naissance de celui-ci, s'appelait Anne Inchauspé. J'avais bien retrouvé des Inchauspé natifs de Sunharette et non pas une mais deux Anne, l'une née le 13 avril 1818 et l'autre le 5 novembre 1819.

Malgré cela, les dates ne collaient pas. Celle que je cherchais devait être née en 1812 puisque l'acte de mariage de son fils daté du 15 novembre 1881, stipulait qu'elle était alors âgée de 69 ans. Cette énigme m'a donné du fil à retordre jusqu'à ce que je retrouve son propre acte de mariage avec Raymond Eppherre et que je comprenne qu'elle était née non pas à Sunharette comme le reste de la fratrie mais à Abense-de-Haut. Et qu'il y avait bien trois Anne dans la maison Harismendy de Sunharette !
 
Mieux, on y apprenait qu'avant d'épouser Raymond Eppherre, de six ans son cadet, elle était veuve de Pierre Etchegoren (1811-1838) de Licq, avec lequel elle s'était mariée le 17 mai 1838 et dont elle avait eu un fils, Jean-Baptiste, lequel n'aura pas connu son père, décédé quelques mois seulement avant sa naissance. C'est son grand-père maternel, Jean-Baptiste Inchauspé dit Harismendy, qui le déclarera à la mairie.

Plus tard, je tomberai sur l'acte de naissance d'une fille née de père inconnu, Marguerite. Etourdi, le même grand-père l'avait déclarée comme la fille de sa fille Marie, ce qui m'a encore perturbée jusqu'à la lecture de l'acte de mariage de Marguerite mentionnant Raymond Eppherre comme son beau-père. Hypothèse qui sera corroborée par la présence de deux oncles maternels, Dominique, mon arrière-grand-père, et Jean-Pierre Eppherre, témoins en 1898 du mariage d'Anna, fille cadette de Marguerite.

Mais revenons à notre Anne. Elle aura avec Raymond Eppherre huit enfants, André (1842) et Adrien (1848) qui feront souche en Argentine, Marie-Jeanne (1844), Julienne (1846), Marie-Anne (1849), Dominique (1851) mon arrière-grand-père, Marie-Anne (1854) et Jean-Pierre (1856). Une lignée qui ne m'a pas encore révélé tous ses secrets...

Anne décède à l'âge de 84 ans et est déclarée sous le prénom ... d'Aimée. Il est vrai que lors de son premier mariage, elle apparaissait comme Anne-Maytène or Mayté (ou Maïté) veut dire Aimée en basque...
Illustration : Aurelio Arteta
Sources : AD64Genealogie64, Geneanet

mercredi 4 février 2015

Où une fille unique donne naissance à quatorze enfants

Ramiro Arrue y Valle
Comme je crois l'avoir mentionné, mon arrière grand-père Dominique Eppherre est venu du village voisin de Sunharette pour épouser Élisabeth Irigoyen. Le père de celle-ci, Dominique Irigoyen (1829-1898), l'instituteur, n'était pas non plus originaire d'Aussurucq. Il était né le 21 janvier 1829 à  Suhare, comme l'atteste l'acte de naissance ci-dessous et sa transcrition :
Acte de naissance de Dominique Irigoyen
L'an mil huit cent vingt-neuf, et le vingt deux du mois de janvier, à dix heures du matin, par-devant nous maire et officer de l'état civil de la commune de Suhare, Canton de Tardetz, Département des Basses-Pyrénees est comparu Irigoyen Pierre, âgé de quarante deux ans, cultivateur, domicilié au présent lieu, lequel nous a présenté un enfant du sexe fem masculin né hier au soir à dix heures dans ladite maison de Irigoien, de lui déclarant et de Marie Appeceix, son épouse, et auquel il a déclaré vouloir donner le prénom de Dominique ; desdites présentation et déclaration faites en présence de Hilarion Althabe, âgé de vingt sept ans et de Jean Althabe dit Iriart, âgé de trente six ans, les deux cultivateurs et domiciliés au présent lieu, et ont les père et témoins signé avec nous le présent acte de naissance après qu'il leur en a été fait lecture approuvant la rature de la sixième ligne du présent acte. 

Chose rare pour l'époque, il a épousé une fille unique : Marie-Jeanne Dargain-Laxalt d'Aussurucq. Je lui ai longtemps cherché des frères et sœurs avant de tomber sur son contrat de mariage déposé chez Maître Cazenave, notaire à Mauléon, dans lequel il est stipulé qu'elle est la fille unique de Pierre Dargain, retraité des douanes, et de feue Marie Lohitçun. Autre curiosité, ses parents se sont mariés le 22 mai 1833, soit deux jours après sa naissance le 20 mai 1833 ! Sa maman décède le 20 mars 1842 alors qu'elle n'a que neuf ans. Son père Pierre Dargain (1800-1853) dit Laxalt (du nom de la maison Laxalt) et son grand-père Jean (ca 1766-1838) étaient tous deux douaniers. Son père était même sous-lieutenant des douanes comme indiqué dans l'acte de naissance de sa fille (voir ci-dessous).


Acte de naissance de Marie D'Argain
L'an mil huit cent trente-trois, et vingt trois du mois de mai, à dix heures du matin, par-devant nous Caldun Maire et officier de l'état civil de la commune d'Aussurucq, canton et arrondissement de Mauléon, Département des Basses-Pyrénees, est comparu Pierre D'Argain, âgé de trente deux ans, sous-lieutenant des Douanes, domicilié à Abense-de-Haut, lequel nous a présenté un enfant du sexe  féminin née le vingt de ce mois à onze heures du soir dans la maison de Lohitçun du présent lieu, de lui déclarant et de Marie Lohitçun, son épouse, et auquel il a déclaré vouloir donner le prénom de Marie ; desdites déclaration et présentation faites en présence de Jean Carrique dit Baratchegaray, âgé de quarante huit ans, cultivateur, et de Arnaud Inchauspé, âgé de trente cinq ans, charpentier, et les deux domiciliés à Aussurucq. Après avoir donner lecture du présent acte, les témoins et le déclarant ont signé avec moi.

 

Lors de son mariage avec Dominique Irigoyen (voir acte ci-dessous), elle n'a que 18 ans et est d'ailleurs mentionnée comme fille légitime mineure, représentée par son père.


Acte de mariage de Dominique Irigoyen et de Marie-Jeanne Dargain-Laxalt
L'an mil huit cent cinquante-un, le vingt-sept novembre à huit heures du matin, par devant nous, Maire, officier de l'état civil de la commune d'Aussurucq, canton de Mauléon, département des Basses Pyrénées, sont comparus Irigoyen Dominique, instituteur de la présente commune, âgé de vingt-trois ans, fils légitime majeur de Irigoyen Pierre, propriétaire à Suhare, âgé de soixante-sept ans, ici présent et consentant et de feue Marie Appeceix ; et Demoiselle Marie Jeanne Dargain dite Laxalt, âgée de dix-huit ans domiciliée au présent lieu, fille légitime mineure de Pierre Dargain, préposé retraité, âgé de cinquante-un ans, demeurant au présent lieu, ici présent et consentant et feue Marie Lohitçun, lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et dont les publications ont été faites devant la principale porte de la maison commune, la première le seize novembre courant à l'heure de midi, la seconde le vingt-trois novembre suivant aux mêmes lieux et heure ; nous avons demandé conformément à la loi du 18 juillet 1850 aux futurs époux et aux personnes qui autorisent le mariage s'il a été fait un contrat de mariage destiné à en régler les conventions civiles. Les parties nous ont déclaré qu'un contrat de mariage a été passé le vingt-six novembre courant  devant Maître Cazenave, notaire à la résidence de Mauléon et ils nous ont en conséquence remis, à l'appui de leur déclaration, le certificat qui leur a été délivré par le notaire détenteur de leur contrat, suivant la prescription de la susdite loi du 18 juillet 1850, lequel certificat sera joint aux pièces annexées. Aucune opposition au mariage ne nous ayant été signifiée, faisant droit à la réquisition qui nous est faite après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées et du chapitre VI du Code civil, intitulé du mariage, avons demandé au futur époux et à la future épouse s'ils veulent se prendre pour mari et pour femme ; chacun d'eux ayant affirmé séparément et affirmativement, déclarons au nom de la loi que Dominique Irigoyen et Marie Jeanne Dargain sont unis par le mariage. De tout quoi dit et fait publiquement avons dressé acte en présence de Pierre Irigoyen, cultivateur de Suhare, frère du futur époux, de Lohitçun Joseph, cultivateur à Aussurucq, grand-père de la future, âgé de soixante-sept ans, de Campané Pierre, âgé de cinquante huit ans,  cultivateur à Aussurucq, de Latchéré Arnaud, âgé de trente sept ans, lesquels ont signé avec nous le présent acte de mariage après que lecture leur en a été faite, ainsi que les futurs époux et leurs pères.    

Cette toute jeune fille, fille unique et probablement choyée, aura quatorze enfants ! Marie (1853), Marguerite (1854), Pierre (1855), Joseph (1857), Élisabeth (1858) (mon arrière-grand-mère), Engrace (1859), Marianne (1861), Pierre (1863), Jeanne (1864), Martin (1866), Grégoire (1867), Michel (1869),  Jean (1871) et Jean-Pierre (1877). Trois d'entre eux décèderont avant l'âge de dix ans.
Marie-Jeanne, cultivatrice, vivra jusqu'à l'âge de 72 ans. Elle décède dans la maison Etcheverria le jour de Noël 1907.

mardi 3 février 2015

Où il ne faut pas toujours se fier aux monuments funéraires

Quand mes parents sont allés au Pays Basque comme tous les ans pour la Toussaint, je leur ai demandé de prendre en photo le caveau de famille à Aussurucq. Les actes numérisés aux archives départementales s'arrêtant à 1892, je n'ai pour ainsi dire pas d'informations concernant le 20e siècle. Il faudrait que je me rende sur place à Bayonne afin de compléter mon arbre, mais j'avais déjà bien assez à faire avec les 18 et 19e siècles !

Première constatation, il existe au moins deux erreurs sur la pierre tombale familiale. La première concerne Pierre Irigoyen, frère d’Élisabeth, dont les dates sont en fait 1855-1885. Gendarme, il est décédé à l'âge de trente ans comme le prouvent ses actes de naissance et de décès ci-dessous :
Et dont voici la transcription :
Acte de naissance de Pierre Irigoyen 
L'an mil huit cent cinquante cinq, le neuf septembre à midi, par devant nous, Maire, officier de l'état civil de la commune d'Aussurucq, canton de Mauléon, Département des Basses Pyrénées, est comparu Irigoyen Dominique, instituteur, âgé de vingt sept ans, domicilié à Aussurucq, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin né ce matin à quatre heures, de lui déclarant et de Dargain Marie Jeanne, son épouse, âgée de vingt un ans, et auquel il a déclaré vouloir donner le prénom de Pierre, lesdites déclaration et présentation faites en présence de Oholeguy Jean, âgé de trente deux ans, et de Laphitz Jean, âgé de quarante un ans, cultivateurs, domiciliés à Aussurucq, le comparant a signé avec nous le présent acte de naissance après  lecture faite non les témoins pour ne savoir écrire à ce qu'ils nous ont déclaré.

Acte de décès de Pierre Irigoyen
L'an mil huit cent quatre vingt cinq, le cinq octobre à midi, par devant nous maire officier de l'état civil de la commune d'Aussurucq, canton de Mauléon, Département des Basses-Pyrénées, sont comparus Etcheberry Justin, instituteur, âgé de ving-trois ans et Ichoust Jean-Pierre, propriétaire, âgé de cinquante-deux ans, les deux domiciliés à Aussurucq, lesquels nous ont déclaré que ce matin à quatre heures, Irigoyen Pierre, gendarme à la résidence de Lasseube, Basses-Pyrénées, âgé de trente ans, est décédé dans la maison Etcheberria du présent lieu, ainsi que nous nous en sommes assuré et les déclarants ont signé avec nous le présent acte après que lecture leur en a été faite.

Il y a bien eu un autre Pierre Irigoyen dans la même fratrie mais né en 1863 et décédé à l'âge de dix ans en 1873. (C'était courant à l'époque de donner le même prénom à deux frères ou deux sœurs, là aussi j'y reviendrai...)
Dans le cas qui nous intéresse, j'en déduis que lorsque le caveau de famille a été érigé, on a dû récupérer les dépouilles contenues dans une autre tombe et qu'une erreur de lecture a pu faire prendre un trois pour un cinq (1835 au lieu de 1855).

L'autre erreur concerne la date de décès de Dominique Irigoyen en 1888. C’est tout bonnement impossible. D'abord parce que je n'en ai pas trouvé trace cette année-là, mais surtout parce que son nom apparaît encore comme témoin sur l'acte de naissance de sa petite-fille Julienne (voir ci-dessous) en 1891... 
Dont voici la transcription :
Acte de naissance de Julienne Eppherre-Irigoyen 
L'an mil huit cent quatre vingt onze, le douze septembre, par devant nous Gette Jean, Maire, officier de l'état civil de la commune d'Aussurucq, canton et arrondissement de Mauléon, département des Basses Pyrénées, est comparu Eppherre Dominique, laboureur, âgé de quarante ans, domicilié à Aussurucq, lequel nous a présenté un enfant de sexe féminin né ce matin à six heures en sa maison Etcheberria, de lui déclarant et de  Irigoyen Elisabeth, son épouse, ménagère, demeurant avec lui, âgée de trente-trois ans, et auquel il a déclaré vouloir donner les nom et prénom de Eppherre-Irigoyen Julienne ; lesdites déclaration et présentation faites en présence de Inchauspé François, âgé de quarante six ans et de Irigoyen Dominique âgé de soixante deux ans, les deux propriétaires, domiciliés à Aussurucq, et ont, les père et témoins signé avec nous le présent acte après lecture.

Cette Julienne c'est la sœur de mon grand-père Pierre, et la marraine de mon père, Dominique, celle qui tenait l'épicerie Zukot devenu depuis le Restaurant Eppherre d'Aussurucq...


lundi 2 février 2015

Où il faut bien commencer quelque part

J'ai suivi le premier des conseils que tout généalogiste se doit d'appliquer : ne pas s'é-par-pil-ler. Quand on a la chance comme moi, d'avoir un père et une mère et quatre grands-parents "identifiés", il faut bien commencer quelque part. Le mieux est de choisir une branche et de s'y tenir. Parce que c'est mon nom (que je porte toujours, accolé à mon nom d'épouse), j'ai choisi de m’intéresser aux "EPPHERRE".

Étymologiquement, le nom Eppherre que je trouverai sous différentes orthographes, signifie la perdrix, Eperra. Je suppose que l'un de mes ancêtres chassait ce volatile ou bien qu'une anecdote où ledit volatile jouait un rôle a donné ce patronyme que nous serions aujourd’hui une centaine à porter en France.*

Comme au Pays Basque, le nom de famille est intimement lié au lieu, à la maison (etchea), une autre hypothèse est qu'il pouvait s'agir d'un endroit où abondaient les perdrix. A ce jour, je n'ai pas encore retrouvé le berceau de la famille car mes recherches ont montré qu'à défaut d'être des perdrix, les Eppherre ont tout du "coucou", cet oiseau qui fait son nid chez les autres !

Le premier que je connaisse, Dominique Eppherre (1851-1928), mon arrière-grand-père, est arrivé à Aussurucq, canton de Mauléon, dans la Soule, pour y épouser en 1881, Élisabeth Irigoyen, la fille de l'instituteur du village.

Quand j'étais jeune, je me souviens être allée dans la maison Etxeberria où habitaient les parents de ma cousine Jeanne Eppherre. Dans la grande salle à manger, la cheminée toujours briquée impeccablement par sa mère Marie, portait l'inscription Dominique Yrigoyen (avec un Y !). j'ai toujours su que mon arrière grand-père était "la pièce rapportée" et qu'Aussurucq était avant tout le fief des Irigoyen. Du moins c'est ce que je croyais ...

Je me suis donc attelée à retrouver la trace de Dominique Eppherre et je l'ai retrouvée grâce à son acte de mariage. Il venait du hameau de Sunharette de la commune voisine d'Alçay-Alçabehety-Sunharette...

* Sources : Genealogie.com
 

dimanche 1 février 2015

Où l'idée d'un blog s'impose petit à petit

Au fond, j'ai toujours su qu'un jour je m'essaierais à la généalogie. Dans la famille, je suis celle qui retient les dates d'anniversaire, est capable de resituer tel ou tel membre éloigné de la parentelle, connaît les expressions, les anecdotes et les petits récits qui font que chaque famille est unique.

Après, dans la vie, tout est affaire de moment. A la fin de l'été dernier, j'ai perdu mon emploi. J'aimais beaucoup ce que je faisais, et ça a été pour moi un coup très dur. Très vite, j'ai voulu trouver une occupation pour meubler mes journées. Un après-midi chez ma belle-sœur a été décisif. Je savais qu'elle s'adonnait à la généalogie et la connaissant, qu'elle le faisait avec sérieux et méthode.

Je l'ai écoutée, je me suis procuré l'indispensable logiciel de généalogie (Généatique), j'ai fréquenté assidument les Archives départementales des Pyrénées Atlantiques (AD64) en ligne, et je me suis lancée. Comme je ne fais rien à moitié et que c'est une activité qui s’avère très chronophage, j'y ai vite passé cinq à sept heures par jour. Un peu comme si j'allais au travail, donc.

Très vite, je me suis retrouvée avec un arbre totalisant plus de 200 noms, avec à chaque fois, acte de baptême, de naissance, de décès et de mariage, voire livret militaire ou preuve d’émigration. Comment ne pas me perdre moi-même dans cet entrelacs d'informations ? Comment faire de ce terreau une histoire vivante que je pourrais faire partager à ceux des miens que cela intéresserait ?

C'est ainsi que l'idée de ce blog est né. Ceux qui me connaissent savent que c'est un moyen de communication qui m'est familier, mon premier blog date en effet de 2007. Mais cette fois, pas de billets d'humeur, pas de récits de voyages, rien qu'une petite plongée dans l'histoire de mes ancêtres. Suivez-moi si le cœur vous en dit...  

Illustration : Ramiro Arrue y Valle