mercredi 22 avril 2015

Où je fais la connaissance de ma première centenaire

Pablo Tillac
Voilà, ça devait bien arriver un jour : j'ai trouvé la première centenaire de mon arbre ! Cerise sur le gâteau (basque), je suis sa descendante directe. Elle est ma Sosa n°35 comme disent les pros de la généalogie. 

Chose rare pour la période, du moins pour les archives des Pyrénées Atlantiques, souvent très lacunaires pendant la Révolution française, j'ai retrouvé son acte de baptême. Mais j'allais oublier de faire les présentations...

Marie-Jeanne est née le 8 mars 1789, troisième enfant (sauf omission de ma part) de Jean Duthurburu, praticien exerçant à Tardets et d'Anne Darhampé dite Appeceix. Pour son frère aîné, Jean-Germain, né en 1787, et qui à l'âge adulte sera huissier public, je n'ai pas retrouvé d'acte de baptême ni d'acte de décès, juste un acte de mariage avec une demoiselle Henriette Cazenave.

En revanche, les actes de baptême de deux de ses sœurs indiquent qu'Engrace est née le 24 janvier 1788 et Anne, le 7 mars 1790. Ses parents ont respectivement 35 et 37 ans quand Marie-Jeanne naît, et auront après Anne encore une fille, prénommée Marianne, née en décembre 1793. Celle-ci, restera célibataire et vivra dans la maison Duthurburu jusqu'à 96 ans ! 

Le 19 juillet 1811, Marie-Jeanne s'unit à Jean-Baptiste Inchauspe dit Harismendy du village d'Abense-de-Haut. Il est cultivateur. Ensemble, ils auront dix enfants, dont mon arrière-arrière-grand-mère, Anne Inchauspe, que j'ai eu l'occasion d'évoquer ici.

A ce jour, j'étudie toujours sa descendance donc je serais bien en peine de dire combien elle a eu de petits et arrière-petits-enfants ! Ce que je sais en revanche avec certitude, c'est qu'elle est morte quelques jours après son centième anniversaire, le 29 mars 1889, dans la maison Etchecoparia d'Abense. J'ai eu quelques difficultés à retrouver son acte de décès que je cherchais plutôt à Sunharette, là où son mari et elle ont longtemps vécu et ont eu la plupart de leur enfants (à l'exception des trois aînées).

Notre centenaire aura survécu vingt ans à son mari, décédé lui le 9 octobre 1869 à l'âge de 82 ans.  

dimanche 19 avril 2015

Les deux orphelines et l'église d'Aussurucq

William Bouguereau
Dans le hors-série du magazine La Vie que je recommande, Guillaume Roehrig, généalogiste successoral dit qu'il y un côté détective privé dans ce métier. Loin de moi l'idée de me comparer à ce professionnel mais j'avoue que résoudre à mon petit niveau quelques mystères familiaux fait partie du plaisir.  

Récemment, je tombe sur un acte notarié daté du 19 mai 1853, déposé chez Maître Cazenave à Mauléon dans lequel Jean-Pierre Eppherre, mon arrière-arrière grand-oncle, reconnaît une vieille dette au nom de ses deux pupilles mineures, Gracieuse et Annette, âgée de 17 et 14 ans. Déjà orphelines très jeunes de leur mère, Marie Etchalus (1808-1841), elles ont perdu leur père Dominique (1805-1848) quatre ans auparavant. L'acte précise que la famille en a confié la tutelle au plus jeune de leurs oncles paternels, Jean-Pierre. Celui-ci, né en 1818, est célibataire au moment des faits (il se mariera en 1856). 

Curieusement, alors que cette branche de la famille est originaire de Sunharette, la dette concerne la "fabrique" de l'église d'Aussurucq. Le capital restant dû s'élève à trois cent francs soit une rente annuelle de quinze francs. Cela doit représenter une somme pour l'époque car l'oncle tuteur se voit contraint d’hypothéquer les biens immeubles de ses pupilles (bâtiments, cour, jardins, terres cultivées, vigne, prairie, bois et forgerie), situés à Sunharette, pour l'honorer.

A ce stade, je ne vois pas bien le rapport entre l'église d'Aussurucq et ces cultivateurs établis à Sunharette, même si les deux villages ne sont distants que d'une quinzaine de kilomètres. Je devine que leur père Dominique, en tant qu'aîné de la fratrie, a dû lui-même "hériter" de cette dette laquelle, à sa mort, échoit à ses filles. L'acte de 1853 faisant référence a un précédent acte daté du 21 juin 1823, déposé chez Maître Lagarde également notaire à Mauléon, j'espère que la solution du mystère y sera contenue. La chance est de mon côté car je mets la main sur l'acte en question dans les minutes notariales numérisées des AD64.

Celui-ci apporte en fait plus de questions que de réponses et renvoient à deux actes plus anciens datés du 2 septembre 1793 que je n'ai pas retrouvés. Mais ce que je comprends c'est que la dette est à l'origine celle d'un certain Jean Recalt, natif certainement de Sunharette et ... curé d'Aussurucq à la fin du 18e siècle. Dans son testament daté du 11 juin 1808, déposé chez M° Detchandy d'Abense-de-Haut, il désigne comme héritiers un frère, Arnaud, une sœur, Marie et une nièce, également prénommée Marie.

Cette dernière, Marie Inchauspe dite Recalt (1778-1850), mon aïeule, épousera Simon Eppherre (1772-1852). Dominique est leur fils aîné. C'est donc par leur branche maternelle que les Eppherre de Sunharette et nos deux orphelines se sont retrouvés liés au financement de l'église d'Aussurucq...

Illustration : William Bouguereau
Sources : AD 64 (BMS, état civil et minutes notariales).

lundi 13 avril 2015

Quand un Souletin faisait souche en Argentine (II)

La généalogie est souvent affaire de partage. Ainsi pour la branche argentine de ma famille ai-je bénéficié de l'aide de ma belle-sœur Nathalie (D'ors et d'arts), laquelle est aussi méticuleuse dans le soin apporté à ses créations que dans ses recherches généalogiques !

Bref, elle de son côté et moi du mien, sommes parvenues à restituer à peu près l'histoire de mon "oncle d'Argentine", André. D'abord, grâce à Family Search, lui avons nous trouvé une épouse. Elle s'appelait Gabrielle Arcurux (nom aussi si ce n'est plus compliqué qu'Eppherre, et repris outre atlantique sous des orthographes plus fantaisistes les unes que les autres !).

Elle naît à Abense-de-Haut le 24 juillet 1839. Orpheline de père, elle est âgée de 27 ans et exerce la profession de tisserande quand elle embarque le 8 juillet 1867 sur l'Africaine. Eh oui, le même bateau que celui d'André ! Nos cœurs de midinette nous ont fait imaginer un temps qu'ils aient pu se rencontrer à bord (comme dans Titanic...), il n'en était rien.

Ce qui me fait penser qu'ils se connaissaient avant ? Dans les registres de Guillaume Apheça, agent d'émigration qui a recensé 15000 émigrés basques de 1828 à 1919 et que je recommande chaudement à tous ceux qui s'intéressent à la diaspora Basque, il est dit qu'André Eppherre (né à Sunharette le 1er juin 1842) est domicilié à Abense. Il y a fort à parier qu'il connaissait déjà Gabrielle.

D'après le census de 1895 déjà évoqué , il est précisé que Gabrielle et André sont mariés depuis 26 ans, donc vers 1869 soit deux ans après leur arrivée à Buenos Aires. Dans le même document, on apprend qu'ils auraient eu en tout treize enfants !

A ce jour, nous en avons retrouvé onze dont huit grâce à leur acte de baptême : Maria ou Mariana (ca 1870), Graciana (ca 1870) (jumelles ?), Juan (27/07/1871), Julian (29/08/1872), Maria (21/12/1873), Juan Antonio (15/06/1875), Pedro (20/09/1876), Cayetano (03/08/1881), Bernardo (10/01/1884) et Martin (03/09/1885). 

Tout aussi intéressant, dans l'acte de baptême de l'aînée Maria daté du 3 janvier 1874, à Morón où la famille s'est établie avant de s'installer à Capitán Sarmiento, toujours dans la province de Buenos Aires, il est indiqué que son parrain est un certain Adrian Eppherre âgé de 26 ans.

Or, pour avoir déjà étudié cette branche (les enfants de mes trisaïeuls Anne Inchauspé et Raymond Eppherre), je sais que leur deuxième garçon après André était né le 28 mars 1848 et se prénommait... Adrien. On peut en déduire sans trop de risque d'erreurs, qu'il est venu rejoindre son frère et sa belle-sœur en Argentine, et est tout naturellement devenu parrain d'un de leurs enfants...

[A suivre ... ou pas]
Illustration Valentin de Zubiaurre
Sources :   AD64Gen&OFamilySearchGeneanet 

mardi 7 avril 2015

Quand un Souletin faisait souche en Argentine (I)

Après François, candidat malheureux au départ aux États-Unis comme évoqué dans le précédent billet, je vous propose aujourd'hui de suivre les traces de mon lointain oncle d'Alçay, André, parti faire souche en Argentine.

Commençons par les présentations. André Eppherre est né le 1er juin 1842 à Sunharette (commune d'Alçay-Alçabehety-Sunharette) dans la maison d'Harismendy. C'est le premier né du couple formé par Anne Inchauspé (1812-1896) et Raymond Eppherre (1817-1897), mes trisaïeuls, dont j'ai déjà parlé.

Ayant trouvé un Andrès Eppherre âgé de 53 ans dans le census de Buenos Aires datant de 1895, j'avais deviné assez vite qu'il avait émigré. Ce que je ne m'expliquais pas c'était pourquoi lui puisqu’il était selon mes premières recherches l’aîné de la fratrie or traditionnellement, c'était plutôt le lot des cadets. L'explication est venue quand j'ai trouvé l'acte de mariage de ses parents et compris qu'Anne, héritière Harismendy, avait déjà eu un fils d'un premier mariage (lire ici).

Pour en savoir davantage sur les circonstances de son départ, je me suis aidée du site Visas en Bordelais qui rend fidèlement compte de l’émigration au départ de Bordeaux au cours du 19e siècle. On y découvre que le dénommé André Eppherre âgé de 25 ans, laboureur, né et domicilié à Alçay, Basses Pyrénées, a obtenu son passeport à Mauléon le 2  juillet 1867 et son visa, accordé par le préfet de la Gironde, le 5 juillet 1867.

André a embarqué sur le navire Africaine, armé au port de Bordeaux le 4 juillet 1867 (la date d'armement précédait de quelques jours celle de son départ effectif) à destination de Buenos Aires. C'était un trois mâts de 385 tonneaux, commandé par le capitaine Pitel secondé par quinze hommes d'équipage et dont l'armateur était la société de négoce bordelaise Beyssac & Gautier.   

Tout me porte à croire qu'il a embarqué seul encore que je n'ai pas trouvé d'information autre que sa demande de visa sur le site Visas en Bordelais (avec un peu de chance, on a parfois accès à la liste des passagers). Par ailleurs, je n'ai pas trouvé trace d'un éventuel mariage avant son départ.

En revanche dans le recensement de Buenos Aires, on note le nom et l'âge de sept enfants présents à ses côtés, trois filles et quatre garçons : Maria, 24 ans, Graciana, 24 ans (des jumelles ?), Juan, 22 ans, Pedro, 19 ans, Margarita, 17 ans, Cayetano, 12 ans et Bernardo, 10 ans. 

D'après ce même census, la famille habitait à Capitán Sarmiento dans la province de Buenos Aires à 145 km de la capitale argentine. Un jour, je ferai des recherches du côté de ces cousins argentins mais ceci est une autre histoire ...
[A suivre] 

Illustration : Angel Cabanas Oteiza
SourcesAD64Gen&OFamilySearch