lundi 30 mars 2015

Le destin contrarié de François E., poilu de 1914

Lorsqu'il débarque le 19 juin 1914 à Ellis Island, François Eppherre, 37 ans, marié, natif de Géronce (Basses-Pyrénées), est sans doute loin de s'imaginer que son voyage en Amérique va tourner court. Il a embarqué au Havre à bord du paquebot France, deuxième du nom (sorti en 1912 des chantiers de Penhoët), une semaine auparavant après avoir traversé toute la France.

Une fois accomplies les formalités d'entrée aux États-Unis, il est certainement pressé de mettre cap sur l'Ouest où il se placera comme berger. En tout cas, à Ellis Island, il donne comme contact celui de Jean Mendiondo, un "pays" qui l'a précédé en 1905, lui aussi parti retrouver son frère Pierre à Reno (Nevada). Il faut compter alors cinq jours de train pour rallier New York à la côte Ouest.

L'émigration aux Amériques est un phénomène qui touche de nombreux cadets au Pays basque à partir du 19e siècle (François est le sixième d'une fratrie de dix). De 1832 à 1891, sur les 112 000 habitants que compte le Pays basque français, 80 000 ont émigré, soit une moyenne de 1330 par an ! On sait que François est marié, et peut-être père de famille, mais il a dû faire ce choix justement pour faire vivre les siens...

C'est là que son livret militaire nous réserve une surprise. Rappelé suite à la mobilisation générale du 2 août 1914, il rejoint son régiment à Pau le ... 4 août, soit à peine deux mois après être parti ! Ce soldat que l'armée décrit petit (1,57 m), yeux et cheveux châtain foncé et nez retroussé, est de la classe 1897. Ce qui veut dire qu'il a déjà effectué trois ans de service militaire (son livret précise qu'il est réserviste depuis le 1er novembre 1901). Oui mais voilà, la patrie est en danger et notre François revient au pays dare-dare pour la servir.

La campagne contre l'Allemagne (bel euphémisme !) durera pour lui du 4 août 1914 au 6 février 1919. Le 7, il est démobilisé définitivement et se retire à Géronce, son village natal. Il décèdera le 1er mars 1960 à Billère, près de Pau, à l'âge de 83 ans.

Il aura passé près de huit ans sous les drapeaux, et vu son rêve américain s'envoler ...

vendredi 27 mars 2015

Où les prénoms suivent la tradition ... ou pas

Ramiro Arrue y Valle
Généalogistes sérieux, passez votre chemin, ce billet n'est pas pour vous...
Aujourd'hui, dernier jour d'une semaine bien remplie, notamment passée à retranscrire de nombreux actes de mes lointains cousins de Barcus et de Lanne, j'ai envie de vous parler d'un sujet plus léger : le choix des prénoms.

Très tôt, j'ai su que je devais le mien à une longue tradition familiale. En commençant cette généalogie, je me suis vite aperçue que celle-ci remontait au 18e siècle. Les aînés, du moins "mâles" de la famille Eppherre, s'appellent tous ou presque Dominique depuis 1725. C'est le cas de mon père et d'une bonne  douzaine de ses devanciers. Jean (le prénom de mon oncle) tient la corde. Pour les filles, la gagnante est sans conteste Marie mais ce n'est pas le propre de ma famille. En tournant les pages des AD du 64, j'ai pu constater qu'environ deux filles sur trois le portaient au 19e siècle. En somme, je suis une bonne synthèse...

Néanmoins, j'ai déjà évoqué ici ma rencontre avec une Scholastique dont le prénom m'avait intriguée. Depuis, j'ai trouvé une Euphrosine, dont la sainte patronne est une jeune chrétienne d'Alexandrie au 5e siècle qui choisit Dieu plutôt que le vieux mari imposé par son père (je résume).

Mais la palme des prénoms originaux dans mon arbre revient à ceux donnés par Thérèse Curutchet dite Eppherre (1798-1844) de Barcus. Petite dernière d'une fratrie de dix enfants dont six auront une descendance, elle épouse le 19 novembre 1822 un Jean Etchandy de Barcus du même âge qu'elle. Sur leur acte de mariage, il est dit marchand de laine. Les affaires ont dû être florissantes car sur les actes de naissance de leurs enfants, très vite il sont mentionnés comme rentiers...

Ensemble, ils auront sept enfants dont les prénoms dénotent une certaine originalité comparés à ceux de leurs nombreux cousins. Jugez-en plutôt : Bathilde (1823), Jean Marcel (1824), François Ildephonse (1826), Marie Julie (1827), Marianne Adélaïde (1829), Philippine (1831) et enfin Jean-Baptiste (1835).   

Et vous, votre "top list" des prénoms les plus surprenants ? 

dimanche 22 mars 2015

Quand elles faisaient Pâques avant Rameaux

Le 22 mai 1833 à Aussurucq, Marie Lohitçun, âgée de 23 ans, épouse Pierre Dargain dit Laxalt, 32 ans, sous-lieutenant des douanes à Abense-de-Haut. Le lendemain, 23 mai, le même Pierre Dargain-Laxalt se rend à la mairie d'Aussurucq pour déclarer la naissance de sa fille Marie (ma trisaïeule) née le 20 ... soit deux jours avant le mariage de ses parents !

A quelques kilomètres de là, à Esquiule, Marie Etchantchu dite Espellet accouche le 5 avril de la même année d'un petit Pierre qui n'est pas son premier enfant. Elle avait d'abord eu un petit Arnaud, né le 18 novembre 1831, alors même que le mariage de ses parents, François Chabalgoity et Marie Etchantchu, avait été célébré ... la veille ! Malheureusement pour le jeune couple, ce premier-né ne vivra que douze jours.

La sagesse populaire a un dicton pour ça : faire Pâques avant les Rameaux. Mais dans les faits, cette pratique était assez courante et pas forcément mal vue. 

Marie-France Chauvirey, déjà citée , nous dit : "Les fiançailles ont été l'époque poétique de leurs amours. Le tutoiement, les baisers, un peu plus peut-être. La décence, la courtoisie au dehors, la liberté à l'intérieur. Liberté et non marivaudage puisque le mariage suivrait. [...] Puis le fiancé fut agréé par ses futurs beaux-parents qui, dès lors, lui laissèrent ouverte la porte de leur maison, même la nuit. [...]

L'eût-il abandonnée, on aurait dit d'elle "qu'elle avait perdu une petite plume de l'aile". Mais il l'a épousée." 

Illustration : Mauricio Flores Kaperotxipi

mardi 17 mars 2015

Nous vieillirons ensemble ...


Pour mettre un point final à l'histoire de Scholastique, mon "héroïne" des deux précédents billets, je vais évoquer ici un phénomène que j'ai remarqué à travers la généalogie mais aussi au présent : les vieux couples se suivent souvent de manière très rapprochée dans la mort.

Ainsi de Scholastique Eppherre. Je venais de transcrire son acte de décès le 30 janvier 1870 à l'âge de 83 ans quand en tournant une page, je m'aperçus que son mari Bernard Chabalgoity en mourant le 30 octobre 1869 à l'âge respectable de 92 ans, l'avait précédée de ... trois mois jour pour jour ! Malgré une différence d'âge de neuf ans, ils auront vécu 48 ans ensemble. Sans descendance, sauf surprise.
 
Quelques jours auparavant, j'avais constaté la même chose avec le couple formé par Engrace Eppherre et Jean Curutchet dit Eppherre, nés respectivement vers 1753 à Barcus et 1746 à Saint-Just. Ensemble, ils auront huit filles et deux garçons et une quarantaine de petits-enfants en 52 ans de mariage. Pour être exacte, je n'ai pas trouvé leur acte de mariage mais leur fille aînée Marie Philippine héritière d'Eppherre (déjà évoquée ) étant née en 1781, je suppose qu'on peut dater leur union à 1780. Eux aussi sont décédés l'un après l'autre. Engrace est partie la première, le 27 septembre 1833 à 80 ans et Jean, deux mois après, le 30 novembre, à l'âge de 87 ans. 

Ne dit-on pas "unis jusqu'à ce que la mort vous sépare ?"  

Illustration : Mauricio Flores Kaperotxipi    

lundi 16 mars 2015

La vie mystérieuse de Scholastique E., enfant naturelle (II)

Antonio Alba Burguillos
En généalogie, il faut toujours se méfier des hypothèses hasardeuses. Ainsi, mon précédent billet se concluait sur le postulat que le second mariage de Scholastique avait été arrangé. Elle, la fille naturelle de François cadet d'Eppherre de Barcus, aurait épousé le frère plus âgé d'un neveu par alliance...

Aujourd'hui j'ai découvert qu'il n'en était rien. En effet, Bernard Chabalgoity (ou Çabalgoiti selon les différentes orthographes rencontrées) est né le 22 avril 1777 (j'ai trouvé son acte de baptême) à Etchebar, un petit village de montagne connu pour ses stèles mortuaires discoïdales typiques du Pays basque. De son côté, Arnaud Chabalgoity, né vers 1784, était lui natif d'Esquiule, village limitrophe de Barcus. Ma conclusion était donc aussi hâtive que fausse !

En revanche, à force de persévérance (la généalogie apprend à la fois l'humilité et la patience ...), j'ai  trouvé l'acte de décès de ma Scholastique devenue au fil des années Marie (un prénom un peu dur à porter peut-être ?)

Elle est morte à l'âge de 83 ans, à Etchebar, où elle avait dû assez logiquement suivre son second époux, dans la maison de Sallaber où elle était locataire selon l'acte (voir ci-dessous). J'ignore ce qu'a été sa longue vie, j'ai eu beau éplucher les archives de Barcus et d'Etchebar, je ne lui ai trouvé aucun autre enfant né après la petite Engrace, décédée prématurément...

En revanche, elle a eu deux demi-sœurs car sa mère, la belle fileuse de Barcus, Engrace, a eu de son mariage avec le sieur Jean Moléon (de huit ans son cadet !) au moins deux filles, Élisabeth et Pauline.


A suivre ...

samedi 14 mars 2015

La vie mystérieuse de Scholastique E., enfant naturelle

Valentin de Zubiaurre
J'aurais pu intituler ce billet "Ce que je sais de Scholastique Eppherre". Mais alors il aurait fallu que je le complète d'un "Tout ce que je ne sais pas à propos de Scholastique Eppherre..." Déjà le prénom interpelle, jamais rencontré ni avant ni depuis. Un prénom original, rare même pour l'époque, et qui fait référence à une sainte italienne du VIe siècle, sœur jumelle de Saint Benoît.

Commençons par le début. La première fois que j'ai rencontré notre Scholastique, lointaine cousine du côté de Barcus, c'était sur son acte de mariage avec Pierre Heguitchoussy le 17 février 1814. Elle a environ 27 ans, elle est tisserante (sic) et vit dans la maison Eppherre. Là où ça devient intéressant c'est qu'elle y est déclarée comme fille illégitime de François cadet d'Eppherre et d'Engrace Uthurburu, journalière. Le 1er octobre 1815, le jeune couple (enfin lui était âgé de 41 ans !) a une fille, prénommée Engrâce comme sa grand-mère, qui décèdera le 18 décembre 1815 à l'âge deux mois (lire l'article sur la mortalité infantile ). Je n'ai pas trouvé d'autre enfant après elle.

Curieusement, je retrouve la trace de Scholastique dans un second acte de mariage en date du 3 mars 1821. Elle épouse un certain Bernard Chabalgoity, cultivateur de Barcus, âgé de 43 ans. Elle est dite "enfant naturelle" de François Eppherre. Premier mystère : je n'ai pas à ce jour retrouvé l'acte de décès de son premier mari. Comme je doute qu'elle ait été bigame ou divorcée, c'est étrange. Deuxième mystère : je n'ai trouvé non plus aucune descendance avec ce second époux ni l'acte de décès de l'un ou de l'autre. Je continue à chercher et espère pouvoir apporter un jour une suite à cette histoire...

Néanmoins, j'ai fait quelques découvertes sur la famille de Scholastique. J'ai trouvé l'acte de décès de sa mère Engrace, à l'âge de 78 ans, le 9 février 1832. Elle y est dite mariée à un certain Jean Moléon. Plus surprenant, j'ai également trouvé l'acte de mariage daté du 29 janvier 1821 d'un autre fils d'Engrace, Jean, âgé de 26 ans, né de père inconnu ! 

En résumé, Engrace Uthurburu, fileuse de son état selon son acte de décès, a eu deux enfants hors mariage, Scholastique à 23 ans et Jean à 30 ans, avant de se marier avec Monsieur Moléon. Autre anecdote, dans la maison Eppherre une "nièce" de Scholastique, Marie Anne Curutchet dite Eppherre s'est mariée avec Arnaud Chabalgoïty qui m'a tout l'air d'être un frère du deuxième mari de sa "tante"...

De là à en conclure que le mariage a été arrangé entre une fille "illégitime", jeune veuve, et travaillant probablement pour la famille (elle était tisserande, sa mère fileuse, et les Eppherre marchands de laine) avec un parent par alliance plus tout jeune, il n'y a a qu'un pas ...   

mercredi 11 mars 2015

Vie et mort d'un soldat de la guerre de 1870

Émile Betsellère
Le sujet de ce billet risque encore de "plomber l'ambiance" après celui sur la mortalité infantile mais difficile de s'intéresser à ses ancêtres du 19e siècle sans tomber sur un acte comme celui qui suit. On y apprend que Dominique Eppherre, âgé de 21 ans, est décédé des suites d'une méningite à l'hôpital d'Avignon.

J'ignore où était cantonné le 76e régiment d'infanterie de ligne auquel appartenait ce soldat au nom si familier, au moment de la guerre franco-prussienne de 1870. Peut-être mon jeune aïeul y faisait-il ses classes avant d'être envoyé au front ? C'est vrai qu'on aurait aimé en savoir plus sur les circonstances de sa mort, et si, ce que l'acte de décès ne précise pas, son corps fut rendu à sa famille ou enterré en Avignon.

Nous nous contenterons donc de ce document officiel signé par l’administration de l'hôpital, contresigné par les autorités militaires et visé par le maire de la commune de Barcus. Pour lui rendre un peu de son humanité, je préciserai que ce jeune conscrit était le troisième né d’une fratrie de neuf enfants dans la maison Larrascaburu de Barcus, fils d'Engrace Loge et de Jean Eppherre dit Larrascaburu, laboureur. Il avait quatre sœurs et quatre frères.

Voilà ce qu'écrit Marie-France Chauvirey (in La vie au Pays Basque au temps de Napoléon III et d'Eugénie, Editions Cairn) à propos du Basque et de son rapport à l'armée : "L'uniforme français (ou espagnol) n'a nul prestige à ses yeux ; il ne répugne ni au hasard, ni au danger ni au combat mais la discipline militaire le terrifie [...].

Les Basses-Pyrénées arrivent alors en tête de l'insoumission nationale, avec deux cinquièmes, un tiers et parfois la moitié des insoumis de France. [...]. Et de préciser que le Ministre de la Guerre ordonna de refuser leur passeport aux garçons dans leur dix-neuvième année pour leur éviter de fuir à l'étranger et d'émigrer ...   

lundi 9 mars 2015

Quand la mortalité infantile frappait ici comme ailleurs


Marie Philipine Curutchet, héritière Eppherre de Barcus et son mari Arnaud Behety, cadet de Garindein, ont eu ensemble - sauf omission - huit enfants entre 1809 et 1825. Parmi eux, seuls trois atteindront l'âge adulte. Marie, née en 1811 est décédée en 1813 à l'âge de deux ans et demi, trois mois après sa petite sœur Marianne qui elle n'aura vécu qu'un peu plus de deux mois. Jean-Baptiste, mort en 1825, n'atteindra jamais ses sept ans. 

Quant à l'année suivante, 1826, elle fut également meurtrière puisqu'en moins de deux semaines de février, disparurent la petite Thérèse de cinq ans et la dernière née de la famille, également prénommée Marianne âgée de quatorze mois. 

Cette situation n'a rien d'exceptionnel dans la France de la première moitié du 19e siècle. Selon les calculs du Docteur Bertillon, à l'origine d'une classification des causes de décès en France publiée en 1893, le taux de mortalité infantile dans les années 1860 est de 22%. Plus d'un enfant sur cinq. Avant un an, les maladies infectieuses comme le croup font des ravages et emportent plusieurs enfants d'une même fratrie. A cela s'ajoutent les accidents domestiques...

Enfin, dans les campagnes et c'est particulièrement le cas au Pays basque, les superstitions font que l'on se fie d'abord au rebouteux, voire aux prières à un saint, avant de faire appel au médecin qui arrive souvent trop tard au chevet de l'enfant.. 
Selon les calculs du docteur Bertillon, le taux de mortalité infantile en France dans les années 1860 est de 22 % - See more at: http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=109#sthash.p7ScSlDJ.dpuf
Selon les calculs du docteur Bertillon, le taux de mortalité infantile en France dans les années 1860 est de 22 %. - See more at: http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=109#sthash.p7ScSlDJ.dpuf
Selon les calculs du docteur Bertillon, le taux de mortalité infantile en France dans les années 1860 est de 22 %. - See more at: http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=109#sthash.p7ScSlDJ.dpuf

IllustrationChristian Krohg-Sovende

vendredi 6 mars 2015

Où le premier voisin joue un rôle primordial


Une autre découverte que j'ai faite quand j'ai commencé à fouiller dans les actes numérisés des archives départementales des Pyrénées Atlantiques, c'est que lors d'une naissance ou d'un décès, ce n'étaient pas les membres de la famille qui en faisaient la déclaration mais les plus proches voisins.

Il m'est arrivé au début de m'agacer de ce que l'on mentionne leur âge dont je n'avais que faire alors que je n'avais même pas celui de la mère lorsqu'il s'agissait d'un nouveau né (quand elle était seulement mentionnée !).

Depuis, je vois mieux l’intérêt d'en savoir un peu plus sur les voisins de mes ancêtres (dis-moi qui tu hantes, je te dirais qui tu es ...) lorsque mention est faite de leur profession par exemple. Ainsi, alors qu'à Aussurucq ou Alçay, on trouve surtout des laboureurs ou agriculteurs, à Barcus, plus gros bourg, il est question de menuisiers, armuriers ou autres cabaretiers.

J'ignore si dans d'autres régions de France ce phénomène se retrouve mais voilà ce qu'écrit Marie-France Chauvirey (in La vie d'autrefois en Pays Basque - Ed. Sud Ouest) : "Le premier voisin n'habite pas toujours le plus près ni même très près. L'usage veut que sa maison soit entre la vôtre et celle de l'église [...]

C'est lui, averti avant tout autre que la mort vient de frapper, qui accourt avec sa famille pour prendre en charge les tâches domestiques et rurales afin que la famille ne soit pas distraite de son chagrin et de ses prières, ainsi que pour présider au rituel des funérailles. Protecteur et garant dans les événements importants (fiançailles, mariage, ouverture de testament), le premier voisin ne saurait, fût-il fâché à mort, faillir à son rôle." 

Illustration : Mauricio Flores Kaperotxipi

mardi 3 mars 2015

Où l'on découvre où se cachait la maison Eppherre

A un moment donné, tout généalogiste amateur se retrouve dans une impasse. C'était mon cas en début de semaine. Pour varier les sources de recherches, je suis allée faire un tour du côté des registres de recrutement. Une mine de renseignements ce site, à se demander comment vont faire les généalogistes des générations futures vu qu'on a supprimé le service militaire...

Bref, j'ai retrouvé la trace d'une petite vingtaine d'Eppherre, la plupart d'Aussurucq et d'Alçay, déjà connus, quelques-uns du Béarn (branches non encore explorées) et un certain Pierre Eppherre né en 1860 à Barcus. Comme un chien qui trouve un os à ronger, me voilà donc repartie dans les archives départementales à fouiller cette fois les registres de Barcus pour reconstituer la lignée de ce malheureux (pour la petite histoire, il a été arrêté le 18 novembre 1885 par le tribunal correctionnel pour délit de vol puis recherché par l'armée pour insoumission...). 

Et là, bingo ! (eh oui la généalogie peut donner des montées d'adrénaline !), je découvre enfin la maison Eppherre que je recherchais depuis mes débuts de cette passion dévorante. Mille excuses à mes ancêtres que j'ai précédemment traités de "coucous", l'etxondoa Eppherre a bien existé mais à Barcus. Quand j'ai fait part de cette trouvaille à mon père, avec son humour flegmatique basque (si, si, ça existe...) il m'a répondu : "Oui, ça ne me surprend pas. Alçay, Barcus et Aussurucq pour notre branche, sont les noms qui revenaient dans la famille. Tu m'aurais dit que tu l'avais retrouvée dans le Tarn, tu m'aurais surpris".  

En l'état actuel de mes recherches, le plus ancien propriétaire de la maison Eppherre de Barcus est un Dominique (tiens, tiens...) né autour de 1726*. Son héritière, Engrace, (ca 1753-1833) a vécu jusqu'à 80 ans. J'aurais l'occasion de revenir sur sa descendance dans laquelle j'ai découvert mes premières jumelles... Son frère cadet Jean (ca 1765-1826) est le grand-père du conscrit Pierre qui m'aura permis de retrouver notre maison souche. Grâces lui en soient rendues !

* Il apparaît comme témoin dans un acte de décès d'un voisin le 26 Fructidor an II (12 septembre 1794) où il est précisé qu"il est âgé de 67 ans.  PS : J'ai retrouvé entre temps son acte de décès, il est mort en 1816 à l'âge de 90 ans !

Illustration : Mauricio Flores Kaperotxipi