mercredi 22 novembre 2017

La saga des Urrizaga (V) - L'Amérique

Dans le billet consacré aux familles de Valcarlos, j'évoquais mon aïeul Pedro Urrizaga et son épouse Graciana Gortari, nés respectivement en 1786 et 1784 (sosa 44 et 45). Ensemble, ils auront dix enfants entre 1841 et 1865. Chose rare pour l'époque, tous vont se marier à l'exception de la deuxième, Catalina. Mon arrière-arrière-grand-père, Martin Urrizaga épousera Dominica Biscaïtchipy le 23 novembre 1882 à Saint-Jean-le-Vieux (64). Leur fille aînée Gratianne sera la seule à rester au pays, le reste de la fratrie choisissant d'émigrer en Argentine.

Une autre branche a fait le même voyage, celle d'un frère de Martin, le numéro 6 de la fratrie Urrizaga-Gortari. Pedro Urrizaga (né en 1853), marié à Ana Barcelona, est le père de la jeune femme dont j'ai raconté la rencontre lors d'un baptême en l'église San Bernardo de Buenos Aires. Les frères et sœurs de Maria Victoria vont tous essaimer en Argentine au tournant du 20e siècle. On les retrouve à Buenos Aires, puis à Salto ou Guerrico et jusqu'à La Pampa, grande plaine au centre du pays qui porte bien son nom... 

Un autre Pedro Urrizaga (!) né trois ans après "Pedro numéro 1" et quatre ans avant Martin se marie le 12 février 1884 à Santiago Apostol, la basilique jacquaire de Valcarlos, avec une jeune fille du même village, Marie Ausqui. Marie donnera naissance à cinq enfants, trois garçons et deux filles. Celui qui nous intéresse, c'est Juan. Né le 17 décembre 1892, c'est l'avant-dernier de la fratrie. Un rang inconfortable.

Alors qu'il est adolescent, l'Espagne fait face à de fortes tensions intérieures. La guerre perdue contre les Etats-Unis et une longue période d'instabilité à la tête du pays avant le retour de la monarchie ont eu pour conséquence une grave crise agraire, un retard industriel conséquent par rapport aux autres pays d'Europe et la montée des nationalismes, basco-catalans notamment. Ce contexte et sa situation de cadet semblent avoir décidé celui qui s'appellera bientôt John à quitter son pays.

Lui ne va pas choisir l'Argentine comme ses oncles et cousins mais l'Amérique, le fameux Far West. ll s'installe à l'instar de nombreux basques dans le Nevada comme berger puis très vite, devient propriétaire d'un petit cheptel de brebis. Le 10 octobre 1925, il épouse une "payse", une Navarraise comme lui, Julia Urdiroz. Elle a 27 ans, lui 32 quand ils convolent à Salt Lake City (Utah). 

Avec leurs trois fils, Raymond "Ray" (1926), John "Johnny" (1927) et Robert "Speed" (1934), ils s'établissent à Ely (Nevada). L'épopée de cette famille est racontée par le fils de John, Richard Urrizaga, dans "The Outlaw and the Pocket Watch", non traduit en français mais disponible sur une plateforme de ventes en ligne bien connue.

Le pays natal restera ancré à jamais dans le cœur de tous ces "Amerikanoak", qui choisirent de vivre au loin. A un autre ouvrage écrit en 1957 par Robert Laxalt "Mon père était berger", j'emprunte cette jolie phrase qui reflète bien cet attachement : "Urrun bizi naiz, bainan bihotzez bethi zuzkin" (Je vis loin mais mon cœur est toujours près de toi)... 

Illustration : Pinterest (exposition non datée à Ely, Nevada)
Sources : Geneanet, FamilySearch, Cosmovisions.com (L'Espagne depuis 1898), Wikipedia
BibliographieRichard Urrizaga "The Outlaw and the Pocket watch", Page Publishing, Inc. 2016 
Robert Laxalt "Mon père était berger" - Un basque dans l'Ouest américain (Ed. Aubéron, réédité en 2009).

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