mercredi 28 février 2018

Destins brisés (II)

Dominique Brisé sort de l'Ecole Normale de Pau le 30 septembre 1911. Le rapport de la sous-commission d'aptitude qui l'inspecte alors qu'il est instituteur-stagiaire à Suhescun, est élogieux. Il a en charge une classe de trois niveaux de 30 élèves, dont 29 assidus, qui ont de "bonnes habitudes". Et leur maître fait des "efforts très sérieux pour les amener à parler français."  

Le rapport d'inspection le juge "sérieux et travailleur, précise "qu'il réussira mieux à la campagne qu'à la ville" et rend un avis favorable pour l'obtention à la prochaine rentrée d'un poste à Bunus, près de Saint-Just. Là même où sa mère Engrâce Irigoyen, a terminé sa carrière.

Cependant, tout comme son aîné, Dominique est rapidement appelé sous les drapeaux et le 1er octobre 1912, il arrive à son tour à la Caserne Bernadotte de Pau pour rejoindre le 18e RI. En février suivant, passé caporal, il suit les cours à l'Ecole Normale de gymnastique et d'escrime de Joinville dont il obtient le diplôme dans l'année 1913. 

Si l'on se fie à leurs registres militaires, les deux frères semblent jumeaux : 1,60 m, cheveux châtains, yeux gris chez Jean-Baptiste et "châtains clairs" chez son cadet. Le front de l'aîné est peut-être plus dégarni ou bien doit-on sa description à un fonctionnaire plus zélé... 

Le 6 août 1914, trois trains quittent Pau pour le front avec à leur bord, trois bataillons, composé chacun d'un état-major et de quatre compagnies, au total 3326 hommes et gradés sous les ordres du colonel Gloxin. Les frères Brisé, âgés de vingt-cinq et vingt-trois ans sont parmi eux. Les 7 et 8 août, le train fait des étapes à Coutras, Orléans et Troyes, où une grosse avarie dans le convoi précédent bloque les voies.

Le baptême du feu a lieu du 21 au 23 août à Charleroi, en Belgique. Le 18e RI se retrouve ensuite aux premières lignes de ce que les historiens appelleront "la première bataille de la Marne". Le 16 septembre, c'est le combat de la Ville-aux-Bois. Au milieu de la nuit, sept compagnies du 18e RI sont rassemblées au nord de Pontavert. 

Au petit matin, quand elles atteignent les premières maisons de la Ville-aux-Bois, l'artillerie allemande arrose le village et le bois, infligeant des pertes "sensibles" au 18e. Ce jour-là, le Caporal Dominique Brisé disparaît au combat. Du 16 au 18 septembre, le régiment va perdre 1477 hommes.

D'après sa fiche matricule, Dominique Brisé est "tué à l'ennemi" avant le 30 octobre 1914, et "inhumé par les soins des autorités allemandes." 

Jean-Baptiste poursuit sa vie et sa guerre sans lui. Mais jusqu'à quand ?     
[A suivre...]

Illustration : Caserne Bernadotte de Pau et Monument "A la gloire du 18e Régiment d'Infanterie", carte postale non datée, Delcampe.net.
Sources : AD64Registres militaires du 64, Dossiers d'enseignement de Dominique Irigoyen consultable aux Archives départementales de Pau (64). Mémoire de l'Amicale Royale Auvergne "Sur les lieux de combats du 18e RI de 1914 à 1918".

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